Prenant la forme de films, d’installations et de performances, ma pratique est une invitation à la lenteur en tant qu’acte de résistance. S’intéressant au brouillage de la mémoire, aux seuils de visibilité, aux phénomènes d’effacement et de fluidité, elle cherche à raconter autrement le sensible. Habitée par le potentiel subversif de la douceur, elle envisage l’hypersensibilité comme un pouvoir agir, qui découle de notre capacité de se laisser affecter et de revendiquer notre fragilité comme une puissance à partir de laquelle appréhender le monde.
Mes recherches actuellement en cours, à travers l’observation microscopique d’un fragment de météorite, visent à questionner les limites de nos outils technologiques afin de révéler le potentiel narratif de leurs failles. De la même manière que les anomalies et les fissures de la roche nous font miroiter certains aspects de leurs histoires, demeurant si complexes à déchiffrer, le dysfonctionnement occasionnel de nos outils d’observation nous rappelle peut-être l’impossibilité de contrôler complètement les choses, de les saisir dans leur ensemble. Mené en collaboration avec le physicien Hugues Leroux, ce projet donne à voir une perspective minérale, participant à renouveler notre compréhension du vivant. Le projet va jusqu’à imaginer de nouvelles manières d’être au monde, sous la forme de fossiles cyborg, d’entités biotechnologiques essayant d’échapper à notre regard, et d’autres espèces ambiguës au sein desquelles le passé se confond au futur.