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À la fois science-fiction et rêverie poétique, mes œuvres ébauchent des espaces où se jouent et se déjouent les identités humaines, biologiques, minérales et technologiques. Prenant la forme de films, d’installations et de performances, ma pratique est une invitation à la lenteur en tant qu’acte de résistance. Je cherche à créer des espaces pour favoriser un état d'introspection permettant d'aiguiser notre attention aux subtilités. Habitée par le potentiel subversif de la douceur, ma pratique envisage l’hypersensibilité comme un pouvoir, qui découle de notre capacité de se laisser affecter et de revendiquer notre fragilité comme une puissance à partir de laquelle appréhender le monde.

M'intéressant aux notions d'effacement, de fluidité et de mémoire, je cherche à raconter autrement le sensible, en employant le mouvement du textile, la transparence du verre et les vibrations lumineuses issues de flux vidéo. Les tableaux vivants que je propose dans les espaces d’exposition, allient la modélisation 3D à des procédés analogiques de synthèse vidéo à partir d'un courant électrique. Je crée des dispositifs jouant avec les seuils de visibilité par l’entremise de micro-variations, perceptibles lorsque l’on prend le temps de s’arrêter.

Mon dernier film Le Disque de poussière invite à sonder d’infimes particules de météorites, terrain d’une intrigante investigation sur l’origine des astres. Cette œuvre vidéo propose de reconsidérer la façon dont nous percevons le minéral en observant, à une échelle microscopique, des poussières témoins de la formation du système solaire. Leur morphologie irrégulière révèle une écriture minérale que les chercheurs tentent de décrypter, jusqu’au moment où elle semble mystérieusement prendre vie.

La notion d’écriture minérale s’inspire du terme « message » employé par les scientifiques pour désigner l’information inscrite dans la roche, dans laquelle les lignes gravées témoignent des histoires d’impacts et de refroidissements. Cela fait aussi référence à un récit dans lequel l’autrice de science-fiction, Ursula K. Le Guin imagine des « géolinguistes » capables de traduire la poésie de la roche. Ce conte écologique contribue à modifier le regard que nous portons dans notre ontologie occidentale envers le minéral et ainsi à renouveler notre compréhension du vivant. Le minéral n'est en effet pas aussi inerte que l’on pourrait le croire, et si nous étions capables de l'observer à une échelle de temps géologique, celui-ci pourrait nous apparaître presque comme un fluide.

Bien qu'il soit possible de déchiffrer partiellement la complexe histoire des météorites à partir de leurs microstructures, le faisceau d'électrons du microscope induisant parfois l’effacement des messages gravés, nous rappelle peut-être l’impossibilité de contrôler complètement les choses, de les saisir dans leur ensemble. En interrogeant les limites de nos outils technologiques, je cherche à révéler le potentiel narratif de leurs failles. J’imagine ainsi de nouvelles manières d’être au monde – puissantes, discrètes, presque imperceptibles – des entités minérales effaçant les traces de leurs existences, pour mieux échapper à nos systèmes de contrôle et de surveillance.