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démarche
Employant des technologies analogiques considérées obsolètes, je module le signal vidéo issu d’un courant électrique pour transformer des images d’archives scientifiques et personnelles. Ma recherche s’ancre autant dans les échanges avec des chercheur⸱euse⸱s que dans mes expériences intimes, m’amenant à rendre visible des traces disparues – un fossile océanique au corps mou, le message minéralogique d’une pierre lunaire effacé par un microscope, ou une mémoire dissociée découlant d’une agression.
Je joue avec les seuils perceptifs et un rythme d’images saccadé ou ralenti, produisant des effets hypnotiques et induisant, tel que la dream machine, des états de conscience modifiés. Ma pratique prend la forme de films, d’installations composées de lumière, textile et verre, ainsi que des performances audiovisuelles. J’y propose des images hybrides opérant un brouillage temporel et interrogeant nos représentations du réel.
Je m’intéresse à l’eau, non seulement comme élément vital, mais aussi comme agent de réparation. Ce processus minéral résilient, enrichi par les réflexions hydroféministes et les récits de science-fiction d’Ursula Le Guin, m’amène à explorer la mémoire tant intime que géologique. Pour favoriser un état d’écoute et d’attention, je transforme l’espace d’exposition en un lieu propice à l’introspection, invitant délibérément au ralentissement et au repos des corps. Habitée par le potentiel subversif de la douceur, j'envisage l'hypersensibilité comme un pouvoir, une capacité à se laisser affecter, et revendique cette fragilité comme une puissance à partir de laquelle appréhender le monde.
bio
Charline Dally vit et travaille à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal. Suite à un parcours en arts appliqués dans les écoles Boulle et Olivier de Serres (Paris), elle détient un baccalauréat en arts visuels de l’UQÀM (2019) et le diplôme du Fresnoy – Studio national des arts contemporains (2023). Son travail a été exposé au Museum of Contemporary Art (Toronto), Musée d’Art de Joliette, à la Fondation PHI, aux festivals Images (Toronto), Festival du Nouveau Cinéma (Montréal), Ann Arbor Film Festival, et CTM (Berlin). Ses dernières expositions monographiques ont été présentées à Diagonale, Montréal (this womb of things to be, 2024) et Caravansérail, Rimouski (blue vessel, 2025). En 2019, elle reçoit le prix d’excellence Robert-Wolfe, la bourse de la Fondation McAbbie et le prix BMO 1st Art. En 2025, le Musée d’art contemporain de Montréal l'a invitée à créer une nouvelle performance audiovisuelle avec son duo, le désert mauve. Ses films font partie des collections de Vtape et Vidéographe.